Quand l’utopie rencontre l’art

L’art – et la culture en général – est une ressource pratique pour sensibiliser les jeunes. Dans les derniers articles, nous avons parlé de musique et d’utopie. Dans cet article, nous parlerons plutôt d’art et d’utopie, à travers un exemple remarquable de la façon dont nous pouvons parler de la ville-société modèle à travers des œuvres d’art : l’exposition NATURA / UTOPIA, sur l’art et l’écologie, la réutilisation et l’avenir de la Fondation Pérouse.

Des photos de l’exposition sont disponibles ici : https://www.fondazioneperugia.it/natura-utopia-inaugurata-la-nuova-mostra-di-fondazione-perugia/

L’art réalise des rêves impossibles et nous apprend à croire en l’avenir, en associant le talent et la créativité de l’homme à l’espoir du changement. Aujourd’hui, les jeunes – et pas seulement – sont habitués à une vision étroite, à courte vue, souvent orientée vers la satisfaction de désirs momentanés et de besoins élémentaires et immédiats. La réflexion et la confrontation autour des grands thèmes, des grandes ambitions, des rêves et des utopies qui ont permis le progrès humain dans le passé, ont perdu de leur force et de leur attrait. Au contraire, nous disposons aujourd’hui de nombreux sujets qui pourraient être d’un grand soutien pour réchauffer l’âme des jeunes et stimuler leur imagination.

« La seule réponse possible aux angoisses de notre époque est l’œuvre d’art, non pas comme une solution ou une compensation, mais comme une pratique autonome imaginative, séparée mais non indifférente de la réalité, tout comme l’île d’Utopie, un paradis utopique détaché du reste du monde, mais en même temps une projection de ce qu’il pourrait être ». C’est ainsi que le commissaire Marco Tonelli présente le cœur de la fascinante exposition de la Fondation Pérouse « NATURE / UTOPIA – Art between ecology, reuse and the future » (Palazzo Baldeschi, 23 avril – 3 novembre 2024).

Treize artistes exceptionnels du monde entier ont été sélectionnés. Leurs perspectives uniques peuvent nous faire réfléchir sur des questions liées à l’écologie, à la relation entre l’homme et la nature, à la durabilité, à la réutilisation des matériaux et au réaménagement de l’espace de vie humain en fonction de l’environnement naturel. Ils interprètent un désir profond de croire qu’« une île heureuse, où tout est durable parce qu’elle augmente la richesse du monde, à la fois dans la forme et dans la pensée », n’est pas seulement un mirage mais un monde possible.

Les œuvres sont réalisées à partir de matériaux traditionnels, mais aussi inattendus et innovants. Parmi les artistes présents, inspirés par le thème de l’utopie, on trouve :

  • Ugo la Pietra, qui a toujours utilisé l’architecture pour réfléchir aux contradictions et aux relations entre la nature et la ville ;
  • Nicola Toffolini, qui crée des paysages de mondes utopiques où tout semble nous ramener à une condition futuriste ;
  • Gonçalo Mabunda, un artiste du Mozambique, dont les masques fabriqués à partir de balles, de grenades, de fusils, d’obus et de matériaux réutilisés évoquent d’une part des fétiches, des totems et des coiffures rituelles, et d’autre part semblent être des caricatures de visages anthropomorphes et mécanisés qui rappellent la guerre civile sanglante qui a dévasté son pays ;
  • Pascale Marthine Tayou, qui crée des installations environnementales à partir de sacs plastiques colorés, non pas recyclés mais neufs, comme si leur consommation et leur dégradation avaient été évitées et figées en œuvre d’art ;
  • Kaarina Kaikkonen, artiste contemporaine finlandaise importante et reconnue, qui travaille exclusivement avec des vêtements réutilisés et récupérés, principalement des chemises d’hommes.

Réutilisation, utopie, projet, nature et futur sont les mots autour desquels tourne la recherche de tous ces artistes, à des moments historiques et dans des lieux différents du monde, mais unis par une lecture écologique et éco-esthétique du monde.

La présidente de la Fondation Pérouse, Cristina Colaiacovo, résume la valeur de l’art dans la sensibilisation du public : « Confrontés aux voies infinies de la créativité, les visiteurs explorent de nouvelles perspectives, visions et solutions, et cela est particulièrement vrai pour le thème de l’environnement et de l’avenir de l’humanité.

Utopie signifie ‘non-lieu’ et eutopie signifie ‘bon lieu’. L’art crée des lieux agréables, et ce n’est que de cette manière que nous pouvons progresser, en construisant des lieux agréables et de la beauté pour vivre et jouer. Cet événement et les initiatives de cette nature sont une excellente opportunité pour les jeunes car, à travers l’art, ils peuvent aider les nouvelles générations à concevoir des solutions alternatives possibles, en les confrontant à la complexité des phénomènes environnementaux et sociaux actuels et en donnant de l’espace à leur besoin de changement, également à travers leur créativité.

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